La conférence inaugurale de la semaine de la pédagogie a offert des perspectives enrichissantes sur les enjeux en pédagogie universitaire, en mettant l’accent sur l’intégration des émotions dans l’apprentissage.

Réflexions préliminaires : le mot d’ouverture

Dans son introduction, Ilyas Barbaud (Vice-Président Étudiants) a insisté sur le courage nécessaire pour analyser objectivement nos pratiques pédagogiques : reconnaître ce qui fonctionne bien tout en identifiant les points à améliorer. Il a souligné l’importance des formations professionnalisantes, porteuses de sens pour les étudiants. Selon lui, l’intelligence artificielle (IA) s’impose comme un enjeu majeur qu’il est important de ne pas ignorer dans l’apprentissage des étudiants.

Les émotions, moteur de l’apprentissage

Delphine Guedat-Bittighoffer, chercheuse spécialiste des émotions et de la motivation appliquées à la pédagogie, a abordé des thématiques essentielles pour favoriser une expérience universitaire positive. Elle a notamment insisté sur l’impact des transitions (lycée-université, entre diplômes) et sur les défis qu’elles posent pour la santé mentale et physique des étudiants. Delphine a centré son intervention sur une approche transversale de l’apprentissage, en mêlant neurosciences cognitives, bien-être et bientraitance. 

Le système universitaire, expose les étudiants à des pressions intenses : compétitions, évaluation sommative, isolement, anxiété, et syndrome de l’imposteur. Ces problématiques nécessitent une transformation profonde des pratiques pédagogiques. 

L’apport des neurosciences

Les neurosciences cognitives ont permis de dépasser la traditionnelle dichotomie entre raison et émotions. Des chercheurs comme Antonio Damasio et Feldman Barrett montrent que les émotions sont fondamentales dans la prise de décision et la motivation. Ces apports redéfinissent la pédagogie, en plaçant les émotions au cœur du processus éducatif. 

Le concept de flow, issu de la psychologie positive, illustre cet équilibre entre défi et compétence, générant un engagement optimal et un plaisir cognitif. Favoriser ces états dans l’apprentissage passe par une pédagogie qui valorise les émotions positives et stimule la motivation intrinsèque. 

Vers une pédagogie bientraitante

Delphine a souligné l’importance d’une transformation des pratiques des enseignants-chercheurs vers une posture de bientraitance et de bienveillance. Cela implique : 

  • Reconnaître l’importance des besoins fondamentaux des étudiants : sécurité, estime, et appartenance. 
  • S’appuyer sur des techniques comme la communication non violente, l’écoute empathique et la pratique de la pleine conscience. 
  • Redéfinir l’évaluation, en s’éloignant des notes chiffrées et des jugements arbitraires pour privilégier des approches formatives, qualitatives, et valorisantes, telles que les portfolios et l’auto-évaluation. 

Conclusion

Cette conférence a marqué le début d’une semaine riche en réflexions. Elle invite les acteurs de l’enseignement supérieur à considérer les émotions comme un levier essentiel pour améliorer la qualité de l’apprentissage et à adopter des pratiques bientraitantes pour accompagner les étudiants.

Il est temps de « penser un peu plus ce que l’on ressent et ressentir un peu plus ce que l’on pense »

Daniel Favre (2024, p.258) cité par D. Guedat-Bittighoffer

Planche de sketchnote de la conférence réalisée par Adeline Escofier, graphiste au Lab’UA :

Illustration de la prise en compte des émotions dans l’apprentissage et la société. 4 axes sont mis en avant : La société : interconnexion sociale L'université : rayonnement institutionnel de l’établissement La pédagogie : moyens et stratégies d’apprentissage Le niveau scolaire : progression entre les différents passages de l’école à l’université.