“Et toi t’es ingénieur en quoi ?
Et là tout de suite un malaise, je ne sais pas quoi leur dire… Comme bon nombre de mes camarades, alors que la situation climatique et les inégalités de notre société ne cessent de s’aggraver, alors que le GIEC pleure et que les êtres se meurent… je suis perdu. Incapable de me reconnaître dans la promesse d’une vie de cadre supérieur, en rouage essentiel d’un système capitaliste de sur consommation.
Si on simplifie quelque peu la situation, un ingénieur serait, aujourd’hui, celui qui doit trouver une solution aux problèmes qu’on lui pose, sans remettre en cause, jamais, ce qu’on lui demande. Ce n’est pas son rôle, on ne lui demande pas son avis.
Cette vision je la trouve étriquée. Évidemment, j’aime trouver des réponses mais il m’apparaît primordial de comprendre les questions, prendre un certain recul, de la hauteur, pour comprendre les enjeux qui sous-tendent nos difficultés et priorisé nos actions. L’éthique c’est ce que doit retrouver l’ingénieur, pour ne pas reproduire les erreurs du passé et du sacro-saint progrès qui devrait et pourrait toujours nous sauver. […]
Alors, quand dans mon école le budget du bureau des développements durables se voit amputé, quand la ville de Nantes bouillonne d’idées et d’initiatives pour améliorer les choses, et que mon école est à la traîne… Quand sobriété et décroissance sont des termes qui peinent à s’immiscer dans les programmes centraliens et que des grands groupes industriels à forts impacts carbone sont partenaires de mon école, je m’interroge sur le monde et le système que nous soutenons. Je doute et je m’écarte”.
Clément Choisne, étudiant, discours lors de la remise des diplômes de Centrale Nantes en 2018.