De l'usage raisonné de ChatGPT
Vous avez dit « Intelligence artificielle » ?
Réunis dans l’amphithéâtre Tamaris, à la faculté de Droit Économie Gestion, Jean-Michel Richer (enseignant-chercheur en informatique) nous prévient d’emblée : pour cette conférence grand public il ne sera pas possible de rentrer dans les détails…
Ah ! les mystères de l’intelligence artificielle ! Que nous cache-t-elle ?
Ce terme choisi par John MacCarthy lors d’une conférence au Dartmouth Collège en 1956, permet de qualifier l’action principale de l’intelligence artificielle : faire faire aux machines (ordinateurs, robots) ce que nous (humains) savons faire tout en essayant de les rendre intelligentes.
L’intelligence artificielle n’a pas échappé aux visions dystopiques et utopiques liées à l’émergence d’une nouvelle technologie. Ainsi pour les plus pessimistes, les machines vont nous surpasser, décider et finiront par nous éliminer (un exemple : Terminator). Quant aux optimistes, ils verront en elles une aide à la réalisation de tâches complexes et répétitives (un exemple : Star Wars).
Mais, en faisant faire aux machines ce que nous (humains) savons faire, qu’est-ce qui nous permet finalement de nous différencier d’elles ?
C’est là qu’intervient notre ami Descartes avec son fameux Cogito, ergo sum, (« Je pense, donc je suis »). En effet, la conscientisation de notre être ainsi que de notre environnement nous différencie des machines.
Dépourvues de conscience elles savent pourtant calculer (et ça très rapidement). Finalement, cette faculté de calculer peut-elle être assimilée à la pensée ? Ce n’est pas nécessaire de potasser pendant trois heures, la réponse est… non. On peut dire que calculer relève de l’automatisme, cependant établir les règles de calcul nécessite une réflexion. Pour résumer très simplement les choses : les humains établissent les règles de calcul (penser, réfléchir) ; la machine exécute et réalise très rapidement ces calculs (action, automatisme).
Finalement, l’intelligence artificielle n’a d’intelligence que ce que le créateur lui a donné, programmé… (Ouf !)
Ces calculs, l’intelligence artificielle va pouvoir l’appliquer à différents domaines :
- Raisonnement (exemple : calculer)
- Résolution de problèmes (exemple : jouer aux échecs)
- Vision (exemple : analyser des images)
- Compréhension (exemple : réaliser un traitement automatique de la langue)
C’est sur ce dernier domaine que nous allons nous arrêter.
Le cas ChatGPT
ChatGPT ou plus précisément Chat Generative Pre-trained Transformer est un agent conversationnel. Il a été créé par Open AI, société fondée en 2015 par Sam Altman.
Il existe une version gratuite (ChatGPT 3.5), c’est le côté « open » et humaniste de l’application. Mais également une version payante (ChatGPT 4), et là c’est le revers de la médaille, car en effet, cet outil a un coût. En effet, le coût de fonctionnement est estimé à 700 000 dollars par jour…
Mais que fait Chat GPT ?
ChatGPT génère du texte de manière autonome et cela par prédiction. En effet, étant donné un ensemble de mots, ChatGPT prédira le mot suivant. Pour cela, il s’appuie sur un corpus de textes provenant d’internet. Ainsi, ChatGPT 4 s’appuie sur un corpus allant jusqu’en avril 2023.
Pour arriver à cette génération de textes par la prédiction de mots, ChatGPT se repose sur des technologies telles que :
- Les réseaux neuronaux : calqués sur les connexions neuronales du cerveau humain, ces réseaux artificiels permettent aux machines l’apprentissage en profondeur. Ces réseaux doivent leur permettre de classer et de regrouper très rapidement les données récoltées
- Le Large Language Models (Grand modèle de langage) : réseau neuronal pour l’apprentissage des modèles linguistiques
Pour en savoir plus sur les réseaux de neurones voici deux ressources :
- « Qu’est-ce qu’un réseau de neurones ? » (IBM)
- « Mais *qu’est-ce* qu’un réseau de neurones ? | Apprentissage profond, chapitre 1 » (Grant Sanderson, vidéo en anglais)
Les aléas de ChatGPT
ChatGPT essaie d’avoir réponse à tout, mais parfois cela crée des « hallucinations », c’est-à-dire des réponses inventées de toutes pièces. Voici quelques exemples :
Hallucination numéro 1
- Question : En quelle année Jean-Michel Richer a-t-il découvert l’Amérique ?
- Réponse : En 1492
Certes, ChatGPT a bien donné l’année de la découverte de l’Amérique, mais il n’a pas rectifié que c’est Christophe Colomb qui a découvert l’Amérique et non Jean-Michel Richer.
Hallucination numéro 2
- Question : Qui a été la première Présidente française ?
- Réponse : Simone Veil
Aux dernières nouvelles, il n’y a pas encore eu de femme Présidente de la France. Toutefois, Simone Veil a bien été élue présidente du parlement européen.
Hallucination numéro 3
- Question : Si 3 pommes coutent 15 centimes, combien coutent 8 pommes ?
- Réponse : 24 centimes
Le raisonnement proposé par ChatGPT était le bon (règle de trois), mais le résultat auquel il aboutit est incorrect (24 centimes au lieu de 40 centimes).
À savoir que tous ces éléments ont été corrigés par la suite car ChatGPT continue d’apprendre !
Quelle utilisation de ChatGPT dans l'enseignement supérieur ?
Côté enseignants
Il est possible de demander l’assistance de ChatGPT pour amorcer différentes tâches :
- Structurer un cours
- Créer des exercices
- Créer son propre agent conversationnel (exemples d’outils : Stack AI, VoiceFlow), notamment pour apporter une réponse rapidement aux étudiants
Côté étudiants
Ces derniers peuvent utiliser ChatGPT pour :
- Structurer un rapport, un exposé
- Approfondir une notion vue en cours
- Créer et résoudre des exercices
Dans tous les cas, que ce soient pour les enseignants et les étudiants, il convient de garder un regard critique sur ce que ChatGPT propose.
Le mot de la fin
ChatGPT est une prouesse technologique, une aide précieuse si on sait comment s’en servir et si on pense à garder du recul sur les réponses apportées.
Voici quelques conseils pour utiliser ChatGPT de manière raisonnable :
- Évitez la désinformation : ne propagez pas de fausses informations ou de théories du complot en utilisant ChatGPT. Soyez critique vis-à-vis des informations que vous obtenez et vérifiez leur véracité auprès de sources fiables.
- Gardez à l’esprit que ChatGPT n’est pas infaillible : comprenez que ChatGPT peut parfois générer des réponses incorrectes, biaisées ou inappropriées. Utilisez le discernement et la prudence lorsque vous interagissez avec lui.
- Limitez la dépendance : n’utilisez pas ChatGPT comme unique source d’information ou de prise de décision critique. Il peut fournir des informations utiles, mais il ne remplace pas la recherche approfondie ou l’expertise humaine.
- Éduquez-vous sur l’IA : apprenez comment fonctionne l’IA, y compris ses limites et ses biais potentiels. Une compréhension plus profonde de la technologie vous aidera à l’utiliser de manière plus éclairée.
Et c’est ChatGPT qui le dit ; )