Les journaux d'apprentissage pour développer la réflexivité

Lors de ce retour d’expérience, David Niget, Maître de conférences en histoire contemporaine à l’université d’Angers, a présenté à une trentaine de participants l’usage du journal d’apprentissage dans son cours d’histoire intersectionnelle. Ce cours de deuxième année aborde l’intersectionnalité afin d’étudier comment le pouvoir se distribue entre les individus, à travers les prismes de classe, de genre et de race ainsi que le vécu des personnes concernées. Le semestre s’articule autour de 24 heures de cours magistraux et 24 heures de travaux dirigés, mêlant travaux collectifs, exposés et animations de séances par les étudiants. C’est dans le cadre de ce cours que l’utilisation d’un journal d’apprentissage comme outil de développement de la réflexivité des étudiants a été proposé pour la première fois cette année.


Objectifs du journal d’apprentissage


Le journal d’apprentissage se révèle un compagnon de route tout au long du semestre, donnant l’occasion aux étudiants d’appréhender l’épistémologie de l’histoire intersectionnelle, à réaliser un bilan du cours et à rendre compte de leur travail. Ses objectifs sont divers : se préparer aux séances à venir, les revisiter pour mieux assimiler les contenus, exprimer leurs doutes et difficultés, et construire leur réflexion personnelle sur les concepts historiques à travers l’intersectionnalité. Il apparait clairement à leur lecture, que ces journaux d’apprentissage rendent compte de l’évolution des points de vue des étudiants et de leurs représentations historiques au fil du semestre.


Contenu du journal


Le journal commence par une introduction obligatoire rédigée en début de semestre, suivi d’écrits hebdomadaires reflétant les séances collectives. Ces écrits permettent aux étudiants d’exprimer leur point de vue, souvent divergent de celui émis en séance, et de rédiger un texte réflexif après chaque séance. Enfin, une conclusion interroge l’impact du cours sur la représentation et la pratique personnelle de l’histoire.


Observation et discussion


Les participants à cet atelier ont été amenés à observer des extraits des journaux de ce premier semestre d’expérimentation. Cette étape a permis d’évaluer chez les étudiants, leur appropriation des connaissances et de la méthodologie, à déceler leur posture réflexive et critique, ainsi qu’à comprendre leur perception du cours. Des constatations préliminaires laissent entrevoir un effet positif sur leur capacité à problématiser lors des dissertations.


Évaluation du journal


L’une des questions qui émergent est celle de l’évaluation. La grille élaborée prend en compte la rigueur de l’exposé des connaissances et des méthodes liées au cours, la réflexivité des étudiants, à qui il est demandé une démarche “sincère”, ainsi que leur implication et leur engagement.


Bonnes pratiques


Les enseignements tirés de ce premier semestre d’expérimentation soulignent l’importance de la liberté à laisser dans la forme de rédaction du journal. La régularité dans la rédaction est un facteur déterminant, favorisant une expérience plus profonde et significative. Le caractère dialogique, impliquant un échange avec un tiers, semble accentuer la dimension engageante et réflexive du processus.


En conclusion, les journaux d’apprentissage apparaissent comme des compagnons pédagogiques puissants. En offrant aux étudiants l’opportunité de construire une pensée réflexive, ils permettent d’ancrer en profondeur leurs connaissances en histoire intersectionnelle. En les amenant à observer l’évolution de leurs représentations, ils leur permettent également de questionner leur propre citoyenneté.